Les années cinquante constituent une période de transition durant laquelle la société, encore dominée par les valeurs et modes de vie traditionnels, se lance peu à peu dans l'apprentissage de la modernité.

Les changements qui se produisent à cette époque ont laissé jusqu'à nos jours de profondes empreintes. Les importantes avancées techniques et scientifiques, ainsi que l'accroissement du confort matériel donnent naissance à la société de consommation. L'époque témoigne en outre d'une grande foi dans le progrès, d'un désir de balayer le monde ancien pour vivre de manière résolument moderne.

Avec le retour de l'optimisme et la toute confiance dans le progrès, une nouvelle tendance émerge en graphisme, en design et en architecture : le modernisme ludique.

Cette nouvelle mode découle du mouvement moderne de l'entre deux-guerres. Elle renouvelle son langage en développant un répertoire inédit fait de formes dynamiques accompagnées de couleurs vives, parfaitement en phase avec le sentiment d'allégresse suscité à l'époque par la modernité.

Internationale, la tendance soulève en Belgique un enthousiasme considérable - bien que de courte durée -, dans les années qui précèdent et suivent l'Exposition universelle de 1958.  

Comparé au modernisme de la première heure, placé sous le sceau de l'universel, le modernisme ludique cherche davantage à plaire. Volontiers décoratif, il adopte un répertoire formel bien à lui. Un véritable vocabulaire.

Le style s'aventure avec allégresse dans les formes sinueuses : le boomerang, la fève de haricot ou encore la géométrie curviligne de la parabole et de l'hyperbole. Il joue avec les lignes obliques, agencées en V ou en zigzags, tendues en formes effilées ou aérodynamqiues. Il revêt des couleurs joyeuses et cligne parfois de l'œil aux progrès scientifiques en évoquant l'atome ou les étoiles.                

Le modernisme ludique disparaît peu à peu dans le courant des années soixante. Si les silhouettes obliques et dynamiques s'effacent, les formes arrondies connaissent en revanche un formidable essor. A l'heure où l'homme s'apprête à marcher sur la lune, se développe une esthétique futuriste de la cabine, de l'habitacle. Les modules de façade préfabriqués en béton ou en polyester armé font fureur. Les progrès du plastique permettent en outre de mouler d'une seule pièce du mobilier cintré en tous sens, totalement affranchi de la ligne droite. 

       

 



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